Tout a commencé par un rêve – c’est la première chose que l’on a apprise lors de l’entrevue avec Seppe Ramaekers, chef instructeur de vol adjoint à CAE Phœnix. Continuez votre lecture pour connaître son histoire, son point de vue sur la profession de pilote et sa passion pour l’instruction d’élèves-pilotes.
Seppe, je vais te poser LA question souvent adressée aux pilotes. Pourquoi voulais-tu devenir pilote?
C’est vrai, c’est une question que les pilotes entendent souvent! C’est toujours un peu étrange d’y répondre, puisqu’il ne s’agit pas tant d’un désir : la passion du pilotage fait simplement partie de vous. Lorsque j’étais enfant, j’étais déjà attiré par l’aviation dans l’ensemble. J’adorais la complexité qui se cachait derrière elle. C’est un aspect de la vie relativement nouveau; nous pouvons voler depuis seulement 120 ans, il y a donc encore beaucoup à explorer, tellement de possibilités. Quand j’étais jeune, ma famille et moi avons beaucoup voyagé en avion. Je me rappelle que j’étais fasciné par les pilotes dans leur uniforme, par le personnel de cabine ainsi que par l’excellent travail d’équipe qui était manifeste. C’était génial et j’étais en admiration. On aurait dit une communauté exclusive et je voulais en faire partie.
Tu es maintenant instructeur de CAE depuis 2013. Comment en es-tu arrivé là?
Au secondaire, j’adorais les sciences et, un jour, j’ai commencé à aller dans un camp de vol à voile en Belgique. J’avais alors 14 ou 15 ans. Je voulais savoir ce que l’on ressentait aux commandes d’un aéronef, et dès la première minute, j’ai été convaincu. La liberté, la responsabilité qu’on a; pour moi, c’était très attirant.
Puis, à ma dernière année du secondaire, j’ai fréquenté une école privée de formation au sol en pilotage. Pour devenir pilote, il faut investir énormément d’argent, et je voulais m’assurer que c’était une avenue qui me convenait et que je pouvais le faire. Je suis alors encore plus tombé amoureux, et j’ai su que tout ce que je voulais faire, c’était de devenir pilote. Par la suite, j’ai présenté une demande d’admission à la Sabena Flight Academy School (aujourd’hui CAE Bruxelles) et j’ai réussi les tests de sélection. J’ai suivi ma formation au sol à Bruxelles, et ensuite, j’ai été envoyé ici, à Phœnix, pour compléter la portion de pilotage de la formation.
En un peu moins de 2 ans, à 20 ans, j’avais reçu toute la formation et j’étais prêt à réaliser mon rêve de devenir pilote de ligne. Toutefois, à l’époque, le marché en était encore à se rétablir, et la demande pour des pilotes était moins forte qu’elle ne l’est aujourd’hui. C’était très difficile de se trouver un emploi. J’ai fait parvenir de nombreuses demandes pour toutes sortes de postes de pilote, par exemple pour des transporteurs aériens, des exploitants de services de frètement, des exploitants privés... Pendant 10 mois, je n’ai pas trouvé d’emploi.
Quelle était ma prochaine étape? Et bien, du côté de ma mère, à peu près tout le monde est dans l’enseignement, alors ça fait aussi partie de moi. Je n’aurais jamais cru avant ça que je pourrais apprendre à d’autres comment devenir pilote. J’ai commencé à prendre contact avec des instructeurs de vol, j’ai appris comment ils travaillaient, les qualifications requises, puis j’ai décidé que ce serait la prochaine étape qui me permettrait de devenir un meilleur pilote. Peu de temps après, j’ai appris que CAE recrutait des instructeurs de vol à Phœnix. J’ai réussi les tests de sélection, puis j’ai entamé ma formation de 6 mois pour devenir instructeur de vol. Je suis arrivé ici en novembre 2013, j’ai fait convertir mes permis pour qu’ils correspondent aux normes américaines et en janvier 2017, j’ai pris les fonctions de chef instructeur de vol adjoint. À ce poste, je relève du chef instructeur de vol de notre académie, et je l’aide dans la gestion des étudiants, des instructeurs et du programme de formation. Je suis également aviateur certifié FAA 141, ce qui me permet de faire des tests oraux et des tests de vol dans notre programme.
As-tu déjà remis en question ta décision de devenir instructeur de vol?
Et bien, c’est intéressant de repenser aux dernières années, à mon rêve de devenir pilote de ligne et à la décision que j’ai dû prendre à l’époque, compte tenu des conditions du marché, de devenir instructeur de vol. Et en 2017, à mon poste d’instructeur de vol ici à CAE Phœnix, je peux affirmer en toute honnêteté que je n’ai jamais regretté ma décision et que je ne changerais pas mon emploi pour un poste de pilote de ligne. J’ai vraiment eu le coup de foudre pour ce que je fais maintenant. De plus, CAE est une entreprise très solide qui a beaucoup de potentiel de croissance. Je crois que je peux poursuivre mon développement au sein de cette entreprise.
Quel aspect de ton travail aimes-tu le plus?
Ce que j’aime le plus, c’est la satisfaction des étudiants. La reconnaissance que je reçois en tant qu’instructeur est merveilleuse. Les étudiants arrivent ici avec un objectif et un rêve, et mon rôle est de les aider à y parvenir et à donner le meilleur d’eux-mêmes en tant que pilotes. Il est impossible de décrire à quel point cet emploi est gratifiant.
Les prévisions de CAE quant aux besoins en pilotes affirment qu’au cours des 10 prochaines années, 250 000 nouveaux postes de pilotes devront être créés. Comment encourageais-tu de jeunes pilotes à entreprendre ce parcours professionnel?
Il y a tant de potentiel dans ce domaine, mais c’est inquiétant pour des jeunes de choisir cette carrière, car la formation coûte très cher. Les candidats doivent donc penser au rendement qu’ils peuvent retirer du capital investi. Il est énorme! À CAE, le taux de placement de nos étudiants chez un transporteur aérien après la formation est de près de 100 %, alors il s’agit d’un excellent investissement. Nous sommes en mesure d’offrir une solution tout-en-un : formation et placement des pilotes.
Je leur dirai que pour poursuivre leur rêve de devenir pilote, le jeu en vaut la chandelle. Ne pensez pas aux risques, lancez-vous. Compte tenu de la demande actuelle et future en ce qui a trait au métier de pilote, le moment est excellent pour entreprendre cette carrière, et nous pouvons vous aider à réaliser vos rêves et à donner le meilleur de vous en tant que pilotes.
Quel conseil donnerais-tu à un jeune élève-pilote qui entame son parcours pour devenir pilote?
N’abandonnez jamais vos rêves... jamais. La formation sera difficile et, oui, vous devrez affronter de nombreux obstacles, mais ça en vaut le coup. Chaque fois que vous êtes stressé, découragé ou que vous vous sentez seul parce que vous aimeriez être à la maison, continuez de regarder en avant.
Et un conseil peut-être étrange que je pourrais donner, c’est de regarder des vidéos sur YouTube de décollages et d’atterrissage filmés à partir du poste de pilotage de gros-porteurs. C’est impressionnant, et vous vous rappellerez ainsi pourquoi vous faites tout ça. Un jour, ce sera vous aux commandes.
Selon toi, que pourrait améliorer même le plus chevronné des pilotes?
Nous avons un adage qui dit « aucun pilote n’est parfait », car personne ne sait tout. C’est lorsqu’on croit être un pilote parfait que quelque chose peut mal se passer. Dans la profession de pilote, nous devons constamment évoluer, donc même les pilotes chevronnés doivent avoir cette mentalité d’apprentissage continu et l’envie de s’améliorer. En tant que pilotes, nous devons nous dépasser.
Qu’est-ce qui pose le plus problème à vos étudiants? Comment les aides-tu avec cet aspect?
Un concept que nous développons beaucoup ici à CAE est ce que nous appelons « la compétence de capitaine ». Cela signifie d’agir comme capitaine pour le transporteur aérien avant une certaine période, selon le transporteur. Même si nos étudiants seront d’abord embauchés par les transporteurs en tant que copilotes, ce que les compagnies aériennes recherchent vraiment, ce sont de jeunes personnes qu’elles pourront former comme capitaines.
Le concept comprend deux aspects :
La prise de décisions aéronautiques est l’aspect qui pose le plus problème aux étudiants, alors nous nous y attardons beaucoup en offrant une formation qui s’appuie sur des scénarios à tous les niveaux, et nous ne leur donnons pas le scénario à l’avance. Nous faisons un compte rendu complet de la formation, et nous insistons fortement sur le processus plutôt que sur le résultat. « Et bien, voilà ce qui s’est passé, comment as-tu réagi, pourquoi? Etc. » Nous constatons les aspects qu’ils peuvent améliorer et approfondissons le sujet en détail. Cette méthode prend du temps, mais ainsi, ils ont une longueur d’avance, sont mieux préparés pour leur carrière et pour ce que les transporteurs aériens recherchent.
Que recherchent les transporteurs aériens lorsqu’ils embauchent des pilotes?
Comme nous venons de le voir, les transporteurs aériens recherchent des personnes qui peuvent devenir capitaines et être formées en fonction de leur organisation, c’est-à-dire qu’ils peuvent facilement former afin qu’elles suivent leurs procédures et leurs normes. Dans un poste de pilotage, il y a beaucoup de travail d’équipe, alors il s’agit d’une compétence également importante à développer. D’autres qualités recherchées sont un bon processus de réflexion, une bonne prise de décisions éclairée et objective et la gestion du stress.
Quel est le conseil le plus important que tu donnes en tant qu’instructeur de CAE?
J’ai beaucoup de conseils à donner, mais si je dois n’en choisir qu’un, ce serait de vous plonger totalement dans l’expérience. Certains étudiants manquent de connaissances théoriques, d’autres doivent s’améliorer au poste de pilote, alors quoi qu’il s’agisse, il y a toujours un aspect à améliorer. Prenez le temps de vous améliorer et de pratiquer. Demandez toute la rétroaction que vous pouvez obtenir et faites preuve d’ouverture par rapport aux commentaires.
À votre avis, qu’est-ce qui fait un grand pilote?
Beaucoup de gens croient que les compétences sont ce qui font un bon pilote, mais ce n’est pas tout. Un bon pilote apprend à toujours accepter les commentaires, est ouvert à la critique constructive et fait aussi preuve d’un bon esprit d’équipe.
Merci Seppe de nous avoir raconté ton histoire!