Dans les années 70, les pénuries de carburant, les pressions des environnementalistes et les règlements gouvernementaux ont frappé les transporteurs aériens de plein fouet. Tous ces facteurs ont accru la nécessité pour les transporteurs aériens d’assurer la formation de leurs équipages sur des simulateurs. Les débouchés commerciaux qui en ont résulté et l’approche de CAE qui consistait à concevoir chaque simulateur en fonction des besoins particuliers d’un client ont engendré des percées technologiques importantes dans les domaines de la variation du durcissement des commandes, des systèmes de mouvement, des postes de l’instructeur et du diagnostic de logiciels complexes.
La Société a continué de concentrer ses ressources sur le domaine des SCADA qui pouvaient répondre aux besoins croissants des services publics d’électricité. Au cours de cette décennie, CAE a réussi à percer dans trois gammes de produits, à savoir les simulateurs de formation pour les centrales électriques, les programmes spatiaux et les systèmes de contrôle du trafic aérien (ATC).
À la fin de la décennie, la Société avait reçu un nombre important de commandes de simulateurs de vol pour avions civils et militaires, augmenté sa part de marché dans les domaines des SCADA, du MAD et de l’espace, agrandi son usine trois fois et porté le nombre de ses employés à 1 400.
CAE a reçu quatre commandes de simulateurs pour des avions civils gros porteurs. Notamment, la division Boeing 747 de British Airways a été le premier service à utiliser un calculateur numérique polyvalent double à mémoire partagée. Ce simulateur se caractérisait par un système de mouvement à quatre degrés de liberté.
Énergie atomique du Canada limitée (EACL), concepteur du réacteur nucléaire CANDU, a choisi CAE pour mettre au point et fabriquer un système de contrôle par ordinateur afin de surveiller et de commander toutes les fonctions vitales des réacteurs et des centrales Bruce A d’Hydro-Ontario.
Cette même année, la division montréalaise d’électronique de CAE Industries Ltd. a été constituée en société sous le nom de CAE Électronique Ltée, changement qui devait demeurer en vigueur jusqu’en 2001.
Le système de mouvement à six degrés de liberté s’est rapidement forgé une réputation mondiale pour sa fidélité et sa fiabilité, ce qui a amené d’autres fabricants de simulateurs à commander des systèmes de CAE afin de répondre aux demandes de leurs clients. La société LMT (maintenant devenue Thompson-CSF) a acheté deux systèmes de mouvement, dont un a été utilisé dans le simulateur du Concorde. La société Goodyear Aerospace a également acheté des systèmes de mouvement pour les utiliser dans les simulateurs F-15 de l’USAF.
M. N. Byron Cavadias a assumé la direction de CAE, réorientant les efforts de la Société vers la création et l’expansion soutenue d’un nouveau marché. Sous sa gouverne, CAE a entamé une longue période de croissance régulière. On a encouragé l’innovation en matière de nouveaux produits, qui devait aboutir à la vente de systèmes intégrés de commande des machines (SICM), de systèmes visuels de casque à fibres optiques et de dispositifs destinés au programme spatial. L’objectif de M. Cavadias était de maintenir la Société à l’avant-garde de la technologie tout en lui bâtissant une réputation de qualité et d’excellence.
Cette année a également marqué l’entrée de CAE dans un nouveau marché grâce à un contrat portant sur la mise au point d’un simulateur de formation pour centrale électrique CANDU destiné à la centrale nucléaire ‘A’ de Pickering, d’Hydro-Ontario. Le succès de ce premier projet a incité le service public à commander quatre simulateurs additionnels. CAE a également fait son entrée sur le marché de l’ATC grâce à une commande du ministère canadien des Transports visant à doter sept centres de contrôle de zone opérationnelle de neuf systèmes d’affichage et de traitement de données radar, appelés collectivement système commun en route et terminal (JETS). L’expérience de la modularité et des essais des logiciels acquise grâce au programme JETS a amené CAE à adopter sa propre méthode de traçabilité dans la conception des logiciels de commande et de simulation. Le programme JETS a pris fin en 1980.
Les projets ayant fait l’objet de contrats comprenaient notamment de l’équipement postal mécanique pour la Société canadienne des postes et trois nouveaux simulateurs d’avions civils. La Société a adopté une attitude dynamique dans sa recherche de contrats de simulateurs de vol, attitude qu’illustre son slogan publicitaire, « À CAE, on passe à l’action ».
Le milieu de cette décennie a été marqué par la commande, par Fokker-VFW BV des Pays-Bas, d’un simulateur de formation d’équipage doté d’un système visuel pour son avion biréacteur F28. Ce projet a permis à CAE d’être la première dans le domaine de la simulation à mettre en œuvre un système hydrostatique de durcissement des commandes de vol à faible frottement doté de la technologie numérique-analogique de précision.
Les efforts ont également été axés sur le marché international des simulateurs de vol militaires. Les démarches de la Société dans ce domaine ont porté fruit lorsque la République fédérale d’Allemagne a commandé trois simulateurs d’hélicoptères, un Sea King Mk 4 et deux Sikorsky CH-53G. La société a également reçu d’Iran une commande portant sur la fabrication d’un simulateur CH-47C de Boeing-Vertol avec un système visuel en tableau conçu par CAE.
Les contrats de CAE avec la République fédérale d’Allemagne ont également donné lieu à un important accord militaire prévoyant la mise au point et la fabrication d’un simulateur prototype pour l’avion de combat polyvalent (MRCA) Tornado. En 1979, ce contrat a été prolongé pour y ajouter six simulateurs additionnels, et en 1980, l’Aviation italienne a commandé deux appareils semblables. Le projet Tornado a permis à CAE de mettre au point des technologies de pointe dans le domaine de la simulation de mission complète, par exemple, des systèmes-G pour le déclenchement des mouvements, des méthodes d’harmonisation des systèmes visuels et des systèmes de simulation numérique de vidéo radar air-sol avec ordinateurs de mission de bord, des systèmes radar, et l’arrivée des systèmes de déploiement d’armes. Le simulateur Tornado représentait le premier d’une nouvelle génération de simulateurs de combat capables de reproduire de façon réaliste des situations réelles de combat en temps de guerre.
CAE a décroché son premier contrat lié à l’espace de Spar Aérospatiale Limitée pour la mise au point du simulateur SIMFAC. Ce simulateur servait à l’évaluation du système de manipulation à distance du bras canadien et à l’entraînement des astronautes à son utilisation. CAE a également fourni des systèmes de commande du bras canadien. Chaque système se composait d’un panneau d’affichage et de commande avec dispositifs d’interface électroniques, et de deux contrôleurs de main à trois degrés de liberté. Le premier système a servi de modèle de perfectionnement alors que les autres ont été utilisés dans un vol spatial réel. Un de ces systèmes a volé à bord de la navette spatiale Columbia, en novembre 1981.
La Société a également décroché un important contrat militaire pour la mise au point et la fabrication de huit simulateurs d’hélicoptère UH-1D destinés à la République fédérale d’Allemagne. Ces simulateurs ont été les premiers simulateurs de formation au vol d’aéronef à voilure tournante à utiliser les systèmes de mouvement à six degrés de liberté. Lors de la livraison des appareils en 1975, CAE était solidement établie comme chef de file mondial dans la simulation d’hélicoptères.
Le secteur des simulateurs civils a été lancé avec quatre contrats fermes. Trans World Airlines (TWA) est devenue la première compagnie aérienne commerciale américaine cliente de CAE et une vente à Viasa a permis de pénétrer le marché sud-américain.
CAE a réalisé une percée qui lui a permis d’utiliser pour la première fois le FORTRAN comme langage évolué en temps réel pour les logiciels de simulation dans les ordinateurs 32 bits. Le passage d’Assembler à FORTRAN a facilité la maintenance et le débogage des logiciels de simulation.
La décennie des années 70 a pris fin sur l’obtention de sept contrats. Les commandes sont venues du Maroc pour un simulateur de transport militaire Hercules C-130 et deux simulateurs d’hélicoptère AB 205. Les Forces armées canadiennes ont également commandé un simulateur de poste de pilotage et un simulateur de mission opérationnelle pour leur avion patrouilleur à grand rayon d’action CP-140.
L’arrivée du système de compensation entièrement automatique (FACS) de CAE a constitué une réalisation importante dans le domaine de l’avionique. Ce système compense automatiquement jusqu’à 16 termes. Les Forces armées canadiennes ont été le premier client à commander 18 systèmes destinés à l’avion CP-140. L’intérêt envers le système de compensation entièrement automatique a amené la Marine américaine à confier à CAE la tâche de mettre au point un dispositif qui pourrait s’adapter aux compensateurs à 9 termes installés antérieurement dans leurs aéronefs P-3C et S-2A. Les adaptateurs de groupe compensateur ont rendu les vieux systèmes semi-automatiques et l’installation de 700 dispositifs a débuté l’année suivante.
Les ventes de SCADA ont continué de progresser alors qu’Hydro-Québec a acheté un système pour son installation de la Baie James, la plus grosse centrale hydroélectrique au monde.
L’industrie aérospatiale a poursuivi sa croissance et CAE s’est accaparée de 50 % du marché mondial des simulateurs de vol civils. Le fait saillant de l’année a été la livraison par CAE du premier système de mouvement entièrement hydrostatique. Ce système demeure toujours sans rival en matière de réponse de fréquence et de fiabilité.
Parmi les neuf commandes fermes de simulateurs de vol civils, la vente aux compagnies aériennes intérieures TOA a marqué la première vente de simulateurs au Japon.
La NASA a accordé un contrat d’étude reliée à l’espace afin d’examiner la faisabilité de combiner les contrôleurs manuels à trois axes en un seul dispositif permettant de commander d’une seule main le bras manipulateur. Deux ans plus tard, CAE faisait la démonstration réussie du nouveau contrôleur manuel à six axes. La NASA a commandé trois systèmes en 1984.
Hydro-Ontario a acheté un simulateur de formation pour sa centrale nucléaire Bruce ‘A’, et des services publics ont commandés trois SCADA destinés à l’Amérique du Nord et à l’Europe. Des soumissions ont été présentées et acceptées pour le projet de centrale nucléaire de Cirene, en Italie, et la centrale de Darlington, en Ontario. La troisième commande est venue d’Hydro-Québec pour sa centrale à turbines à gaz La Citière.