Années 90 - Dix années de diversité

Dans les années 90, CAE a mis pleinement en valeur ce que Ken Patrick avait créé en 1947. Au cours de cette décennie – sans doute une des plus marquantes depuis sa création –, la société a pris une stature de chef de file mondial en matière de simulation de vol et de systèmes, s’emparant de 67 % du marché de la simulation aéronautique civile, de 15 % du marché de la simulation militaire, de 9 % de celui des systèmes pour les centrales électriques et la surveillance des réseaux, et de 9 % des contrats pour divers autres systèmes (MAD, espace et autres). Les percées réalisées durant cette période ont fait de CAE, dans le domaine civil, le numéro un mondial des concepteurs et fabricants de simulateurs de vol, de dispositifs d’entraînement au vol, de systèmes visuels, de systèmes d’entraînement sur PC et de systèmes de formation assistée par ordinateur.

Les simulateurs ont connu au cours de ces années une grande évolution qui leur a valu une réputation internationale pour l’exceptionnel réalisme et la finesse de leur restitution des caractéristiques de vol de l’avion qu’ils modélisent. Dotés de systèmes visuels et de mouvement qui sont devenus la référence en la matière, ils simulent avec précision toutes les situations et conditions atmosphériques de déroulement du vol. Ils offrent en outre à l’instructeur la liberté de choisir, de suivre et de modifier à son gré les plans de cours préprogrammés, lui permettant en plus de simuler des pannes dans le fonctionnement des systèmes de l’avion pour que les équipages puissent acquérir l’expérience et la maîtrise qui les rendront aptes à parer à toute éventualité en vol réel.

1990 à 1991

Dès le début de la décennie, CAE attache son nom à une première mondiale dans l’histoire de la simulation aéronautique : la construction du premier simulateur de vol MD-11 pour McDonnell Douglas Corp. Cette réalisation sera déterminante pour CAE, car elle consacrera sa place au firmament de l’industrie des technologies de simulation aéronautique. L’obtention de ce premier contrat vaudra à CAE de remporter 11 des 12 appels d’offres qui seront adjugés cette année-là pour des simulateurs de vol MD-11.

Producteur d’une gamme de simulateurs qui couvre l’ensemble du parc des appareils de transport commercial, dont nombre d’avions régionaux, CAE s’affirme également comme un acteur important dans le domaine de la simulation militaire. Au cours de cette période déterminante, la production de CAE dans le domaine militaire va se déployer en une vaste gamme de simulateurs de vol, d’entraîneurs tactiques et d’entraîneurs de missions pour des appareils à voilure fixe et à voilure tournante allant des chasseurs et des hélicoptères les plus complexes jusqu’aux lourds appareils de transport et de patrouille. À cela s’ajoutent des simulateurs tactiques pour la lutte anti-sous-marine, pour la guerre électronique, et pour l’entraînement à d’autres types de missions.

1992 à 1994

Améliorant considérablement les systèmes visuels de ses simulateurs de vol, CAE signe en 1992 une autre première avec le lancement de CAE MAXVUE®, système faisant appel à l’imagerie numérique, qui ouvrira la voie à une longue lignée de générateurs d'image révolutionnaires dont sont issus les systèmes de pointe d’aujourd’hui, CAE TROPOSMC et CAE ATMOSMC.

Quelque temps à peine après sa sélection pour la réalisation du premier simulateur MD11, CAE obtenait de Boeing le contrat de conception du premier simulateur de vol du nouveau biréacteur à large fuselage B777. Ce contrat allait renforcer une collaboration déjà solidement établie entre CAE et Boeing en matière de développement de technologie aéronautique.

Dans le domaine de la simulation pour centrales électriques, CAE remportait sa première vente sur le marché européen, avec la fourniture de deux simulateurs pour des centrales à combustible fossile appartenant à l’Electricity Supply Board de Dublin, en Irlande. Véritable tête de pont, ce premier contrat allait être la voie ouverte à de nombreux autres.

Ces années où CAE collectionne les premières sont celles aussi où culmine le travail sur le Simulator Complexity Testbed (SCTB) réalisé pour le compte de l’Institut de recherche de l’US Army. Ce programme de plusieurs millions de dollars, que le Canada et les États-Unis financent conjointement dans le cadre du Defence Development Sharing Programme, débouchera sur la mise au point de nouvelles techniques de formation pour les équipages d’hélicoptères de l’Armée américaine.

1995 à 1996

Au milieu de la décennie, l’histoire de CAE rejoint l’histoire tout court. Le MOTS, simulateur conçu et mis au point par CAE pour l'entraînement à l’exploitation du Système d'entretien mobile des stations orbitales, est accepté par l’Agence spatiale canadienne (ASC). L’agence étant du nombre des participants à la construction de la station spatiale internationale, le MOTS se voit promis à un rôle essentiel dans la formation des astronautes et rehausse encore pour CAE sa réputation de grand créateur mondial de solutions technologiques innovatrices.

1997

Le ministère britannique de la Défense retient CAE comme fournisseur de six simulateurs de vol pour la formation des équipages d’hélicoptères de soutien moyens de la Royal Air Force. Avec ses sous-traitants, CAE devra construire, aménager, financer et exploiter pendant 20 ans, avec possibilité de doubler cette durée, le centre ultramoderne où se dispensera cette formation. C’est ainsi qu’aujourd’hui, au Royaume-Uni, CAE fournit des solutions de formation de pointe aux équipages d’hélicoptères de plusieurs forces militaires dans ce centre qui héberge des simulateurs pour hélicoptères Chinook, Merlin et Puma, de même qu’un centre de commande tactique d’où sont régies la formation des pilotes et les missions simulées.

1998 à 1999

La décennie se termine pour CAE sur l’obtention de deux de ses plus importants contrats navals. Le premier, conclu avec la U.S. Navy, porte sur la conception et la fourniture de systèmes pour le contrôle-commande de la propulsion, des systèmes auxiliaires et de la distribution électrique et pour la maîtrise des avaries de combat sur le navire amphibie LPD-176. Ce projet allait se poursuivre dans le nouveau millénaire.

Le second contrat, conclu avec l’industriel anglais Marconi Marine (VSEL), prévoit la fourniture des équipements de contrôle-commande et de l’instrumentation des sous-marins d’attaque classe Astute de la Royal Navy. Ce contrat d’une valeur de 75 millions $ vient couronner une série de réussites impressionnantes qui hissent la division Contrôles navals au premier plan des fournisseurs de technologie d’automatisation de pointe.

Autres projets

Les années 90 auront également été une décennie de changement et d’exploration pour l’entreprise.

En 1995, CAE-Link Corporation est vendue à Hughes Electronics Corporation de Los Angeles pour la somme de 155 millions $US. CAE-Link avait construit le premier simulateur de missions de combat pour le AH-64, un simulateur du chasseur furtif F117A et était l’exploitant du système de formation des équipages de C-130. Le désinvestissement de CAE-Link est principalement amené par la réduction des dépenses de la Défense américaine au lendemain de la guerre froide.

Dans la fin des années 90, le système de gestion des réseaux électriques est vendu à SNC-Lavalin. Le système s’est taillé une réputation internationale pour sa performance, sa souplesse et sa modularité, grâce au système SCADA et aux applications évoluées de contrôle et d’analyse du réseau qui y sont intégrés. 

CAE participe également à deux projets très prometteurs mais qui, malheureusement, n’iront pas très loin.

Le premier est celui du développement d’Envirostrip®, un procédé utilisant la projection de fines particules d’origine végétale (donc biodégradables et inoffensives pour l’environnement) pour décaper la peinture sur les avions. Mis au point en collaboration avec ADM/Ogilvie, le procédé est bien perçu car il démontre un souci de rendre le décapage des peintures sur les avions plus écologique. Il ne devra malheureusement connaître qu’un succès commercial limité, et l’association avec le partenaire industriel sera finalement dissoute.

L’autre projet est celui de la fabrication de cœurs artificiels ou, pour reprendre l’appellation officielle, d’appareils électrohydrauliques d'assistance ventriculaire. Dans ce projet, CAE était associée à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, qui avait mis au point l’appareil. CAE devait en réaliser des prototypes pour permettre à l’Institut d’établir les conditions de son implantation chez des patients en attente d’une transplantation. Malgré ses nobles objectifs, le projet ne décolla jamais et fut en fin de compte délaissé.

Perspectives d’avenir

En cette fin du vingtième siècle, CAE se retrouvait ainsi en excellente position de poursuivre, à l’échelle mondiale, sa progression dans le domaine de la simulation. Son entrée dans le nouveau millénaire allait du reste se faire sous les auspices d’un contrat historique remporté auprès d’Eurofighter, pour la fourniture de 31 simulateurs de vol reproduisant diverses configurations du nouveau chasseur EF-2000. Ainsi donc, les simulateurs CAE allaient servir à former et à entraîner les pilotes de chasseurs du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Italie et d’Espagne.

Ses continuelles avancées techniques et l’intégration des progrès de l’informatique au fur et à mesure de leur apparition ont permis à CAE de proposer, tout au long de ces dix années, les meilleures solutions de simulation, du point de vue technique comme du point de vue économique. Grâce à cela et aux multiples innovations dont elle a eu la primeur, CAE s’est maintenue sans cesse à l’avant-garde de l’évolution et en tête des meilleurs fournisseurs de technologies pour la simulation de vol et des systèmes.

Une tradition d'excellence à poursuivre

Pas moins de six présidents se sont succédé à la tête de CAE au cours des années 90. Byron Cavadias, Ken Hasell, Rusi Master, John Caldwell, Jim Cherry et Derek H. Burney, qui a été nommé président et chef de la direction, en octobre 1999. Chacun a marqué de sa vision propre les progrès accomplis au cours de cette époque durant laquelle CAE raffinait la définition de ses objectifs en vue du nouveau millénaire.

Depuis le modeste hangar de l’aéroport de Saint-Hubert où elle a vu le jour, CAE s’est élevée au rang d’entreprise d’envergure mondiale qui exporte 90 % de sa production dans plus de 50 pays et fait figure de chef de file mondial dans de multiples domaines.

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